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“Nous avons adapté un poste de travail pour maintenir le chef de culture dans son activité !”

Gérant de la société coopérative et participative horticole Les jardiniers de Paris, à Fontenay-le-Vicomte (91), Patrick Serpette a trouvé une solution pour qu'un salarié en situation de handicap récupère pleinement son emploi. Une action menée avec un médecin du travail et un organisme spécialisé.

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Patrick Serpette est gérant de la société coopérative et participative (Scop) horticole Les jardiniers de Paris, installée à Fontenay-le-Vicomte (91). Pour permettre le maintien du chef de culture, - devenu travailleur handicapé -, à son poste, il a oeuvré avec le médecin du travail de la MSA Île-de-France et le Service d'appui au maintien dans l'emploi des travailleurs handicapés de l'Essonne (Sameth 91), afin de réaliser des modifications dans le système de production.

L'entreprise de production horticole Les jardiniers de Paris, créée en 1901, est installée en banlieue parisienne depuis 1969 sur un peu plus de 6 ha. Elle produit des plantes à massif, des annuelles, des bisannuelles qu'elle vend auprès des collectivités locales de son secteur, aux jardineries mais également sur place au détail.

Après une succession de problèmes de santé, le chef de culture de cette société a été déclaré travailleur handicapé avec un taux d'invalidité partiel. Une partie de son handicap a été reconnue en tant que maladie professionnelle. Il a donc fallu prévoir un reclassement ou une adaptation de son poste de travail. « Ce salarié, présent dans l'entreprise depuis 1985, est passionné par son travail. Pour lui, il n'était pas envisageable de changer de métier ou de fonction, surtout pour se retrouver dans un bureau toute la journée. La seule solution a été de réfléchir à une adaptation de l'outil de production », explique Patrick Serpette. En effet, cette personne souffre de maux de dos, ne peut plus porter de charges lourdes à bout de bras, ni lever ceux-ci à plus de 1,50 m de hauteur. Ses mouvements en flexion du tronc sont également limités.

À l'initiative du médecin du travail de la MSA Île-de-France, le docteur Jean-Marc Sicard, et avec Érick Masson du Sameth 91, une étude ergonomique a été proposée au sein de l'entreprise pour voir les possibilités d'aménagement de la situation au travail du chef de culture. Elle a été réalisée par David Mameri, de la société ID ergonomie, spécialisée dans ce domaine et a consisté à étudier les différentes tâches réalisées par le salarié pour relever les situations qui lui posent problème au cours des différentes étapes de production : réception des plantes, repiquage, arrosage, desserrage des végétaux, préparation des commandes.

Lors de la phase de réception, la difficulté survient lorsqu'il faut récupérer les caisses de jeunes plants dans les rolls situés sur les étagères les plus hautes (audelà de 1,50 m et jusqu'à plus de 2 m). Le poids n'est par contre pas vraiment un souci, car les caisses sont en polystyrène. Durant la phase de repiquage, la pénibilité vient en premier lieu du fait qu'il faut rester statique et effectuer des gestes répétitifs durant de longues périodes. Ensuite, lorsque les clayettes sont pleines, il faut les positionner sur les tablettes, ce qui implique de porter à bout de bras des charges pour atteindre le centre des tablettes et d'effectuer des mouvements de rotation. L'arrosage, réalisé manuellement pour les plaques et les plantes en godet ou en pot de petit diamètre, nécessite des mouvements de l'épaule et du bras droits rapidement pénibles. La phase de desserrage comporte plusieurs étapes : soulever les plaques ou les clayettes remplies de pots, les positionner sur un roll, puis les reposer sur une tablette (port de charges et mouvements de rotation). En période de préparation des commandes, il faut acheminer les plantes depuis les tablettes sur les rolls et déplacer les étagères sur les rolls, une fois qu'elles sont remplies. Du fait de l'étroitesse de certaines serres, il n'est pas toujours possible de positionner les rolls au plus près de la zone de sélection des végétaux, ce qui implique de longer les tables de travail avec des plaques de manutention.

Les propositions d'amélioration indiquées par ID ergonomie ont conduit Les jardiniers de Paris à réaliser des aménagements. « Nous avons équipé les deux principales serres d'une rampe d'arrosage automatique, qui peut servir également pour les traitements sanitaires. Pour la plus grande serre (76 m de long), nous avons associé cette rampe à un système de tapis roulant réglable en hauteur, qui permet de déplacer sans efforts les plantes entre les tablettes. Pour la réalisation de ces équipements, nous avons fait appel à la société Pyrène automation. Nous avons aménagé la première serre en 2013 (arrosage), puis la seconde en 2014 (arrosage et tapis roulant). Grâce à ces nouveaux équipements ainsi qu'à quelques adaptations dans l'organisation des productions, le chef de culture, alors en mi-temps thérapeutique, a pu reprendre son activité professionnelle à plein temps et avec enthousiasme », poursuit Patrick Serpette.

Yaël Haddad

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